Association des Amis du Paysan d'Afrique Centrale
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Secrétaire Général
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RÉFLEXIONS SUR L'AGRICULTURE CENTRAFRICAINE


par M. Jean-Michel COTTEREAU*


Du fait de son enclavement dont elle ne peut se soustraire sans de gros investissements, la RCA doit transformer si possible toutes ses productions végétales sur place soit pour elle-même soit pour l'exportation vers les pays limitrophes ou autres .Cela impose des produits sains, bien conditionnés et des circuits commerciaux les plus directs. Dans les conditions actuelles il serait utopique d’entreprendre des cultures nouvelles alors que les potentialités agricoles centrafricaines existent dans toutes les régions. Ainsi vient-il à l’esprit en premier la culture du coton.

Ces dernières années, la recherche a mis au point de très bonnes variétés à haut rendement permettant d’ensemencer des surfaces qui les années suivantes seront les surfaces des cultures vivrières. Pour réussir a retrouver la production record de 60.000 tonnes les directives sont simples : un bon encadrement sur le terrain, le débroussaillement au moment voulu ,l’épandage de terre de parc, labour , un semis en ligne à la date prescrite, démariage, des sarclages (3), buttage, 5 traitements, récoltes, arrachage des vieux cotonniers. Cette culture est le départ d’une rotation de cultures sur 7 ans en respectant 2 années de jachère et ou le niébé, l’arachide apporteront une partie de la fumure azotée. Le respect de toutes ces travaux permet d’envisager la sédentarisation grâce au maintien de la fertilité des sols et éviter ainsi cette destruction de la végétation présente amenant des changements dans les micro-climats.

Cette culture est bien connue du paysan centrafricain ;elle doit être pour lui le moment d’améliorer ses techniques culturales par l’adoption de la culture attelée dans la zone nord. Dans les autres zones la petite mécanisation doit faire son apparition et devra être confiée à la jeunesse lui permettant ainsi de retourner à la terre et d’avoir enfin un objectif, un but qui a complètement disparu ces dernières années. Par petite mécanisation nous entendons le motoculteur de 6 à 8 CV équipé d’une charrue ,d’un canadien, d’une remorque, d’une prise de force latérale (pouvant entraîner une pompe à eau, un broyeur à marteaux .) Le problème du dessouchage pourra être résolu avec une tronçonneuse et un tire câble. Il va de soi que les producteurs de coton seront effectivement payés cash.

La deuxième production végétale qui existe déjà est le café Robusta (56.000ha). Elle est dans un mauvais état. Les rendements oscillent entre 300 et 350 kgs/ha . Certaines opérations culturales ne sont plus pratiquées. Bien que les pays Asiatiques sont arrivés en force sur le marché mondial pour cette culture de rente, la RCA doit retrouver sa part de marché en exportant le plus possible un produit fini sous forme de café torréfié, café moulu, Nescafé, le tout sous un emballage correct et moderne. En aval ,avec un bon encadrement (en lui donnant les moyens mais en lui demandant des résultats)les travaux , responsables de bons rendements, seront appliqués : taille, égourmandage, rabattage de la plante de couverture (quand elle existe) récolte des cerises à maturité, séchage sur de véritable aire de séchage , traitements anti-scolytes si nécessaire, paillage dans les zones limites. Les acheteurs devront se transformer en décortiqueurs ambulants afin de transporter qu’un produit prêt à être conditionné ou torréfié. On évitera ainsi des côuts inutiles. On devra essayer les mélanges avec de l’Arabica du Cameroun pour l’exportation en café moulu. L’interdiction de payer une récolte sur pied avec des tôles ondulées sera prononcée afin que cette récolte arrive à sa maturité .La aussi les producteurs seront payés en espèces et pas en bon pour. D’autres cultures peuvent retrouver un développement profitable à la population.

L’huile de palme va continuer son développement mondial .C’est un produit BIO au même titre que le café puisqu’il n’est plus pratiqué de traitement anti-scolyte en ce moment. La Centrapalm malgré ses 2500 ha n’arrive pas à empêcher l’importation d’huile artisanale du Zaïre. La RCA dans le M’bomou, en Basse-Kotto, en basse-Lobaye doit produire son huile soit pour la consommer, soit pour la transformer en savon. Des petites unités d’extraction doivent être mise en place.

Le riz pluvial dont les superficies n’ont cessé de diminuer depuis 1985 doit retrouver sa place dans l’alimentation centrafricaine. La aussi, la présence de nouvelles variétés à haut rendement, la mise en place de petite unité de décorticage, la non-importation de riz étranger (Italie, Taiwan) sont autant de critères pour une relance réussie de cette culture.

Le manioc, base de l’alimentation centrafricaine est une culture qui doit se faire hors assolement avec des temps de culture supérieurs à ceux pratiqués en ce moment. Une recherche de variété sans mosaïque accompagnée d’une amélioration dans la technique de rouissage, du séchage (véritable aire de séchage bâche plastique ou ciment) de conditionnement de la farine en saison sèche permet d’envisager un bon stockage et un bon prix de revente sur les marchés nationaux et extérieurs en saison des pluies.

Si ces principales cultures retrouvent leur place dans les circuits commerciaux , alors il est possible du fait de l’engouement de l’Europe pour les produits issus de l’agriculture biologique de citer ces quelques productions : le Karité dans la Zone nord , le Jojoba dont l’huile équivaut à celle de la baleine et qui s’achète très chère, le ricin dans la zone nord aussi, le miel et la cire qui ne demandent pas de gros investissements, le poivre sauvage, le piment langue d’oiseau.

A part l’agriculture, la RCA dans ses potentialités devrait s’orienter en foresterie sur l’exportation d’essence recherché sous forme de planches, de madriers, de bastins. Dans le domaine des mines l’or est une ressource possible et existante. Les orpailleurs sont là. Par contre l’uranium de Bakouma demandera beaucoup de travail et d’argent pour extraire ce fabuleux minerai.

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* Actuellement Secrétaire général de l'Asapac, M. Jean-Michel COTTEREAU a enseigné en République Centrafricaine (I.S.D.R. de M'Baïki, Préfecture de la Lobaye, dans le Sud/Ouest Centrafricain).

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