Association Développement des Iles Comores
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RAPPORT de MISSION AUX COMORES (octobre 2008)
par Anne ETTER, Présidente de l'Association pour le Développement des Îles Comores




SOMMAIRE :
1 – Chronologie
2 – Introduction
3 – Déroulement de la mission
4 – Conclusion

1 - Chronologie octobre 2008
16 – jeudi arrivée à Moroni
17 – démarches à Moroni
18 – arrivée à Mohéli – installation
19 – rencontre avec le Maire de Fomboni, préparation de la mission Coopération 92
- entretien avec le Président de Mohéli,
- entretien avec le directeur régional de FADC et la directrice de FADC Mohéli
20 – retour sur Moroni accueil Mission Coopération 92
21 – retour à Mohéli, accueil du maire et délégation de femmes, entretien, cérémonie
22 – entretien avec le maire et son équipe
- entretien avec l’association des handicapés, point des projets
23 – visite de l’Île de Mohéli
24 – journée propre à Fomboni
25 – visite de l’Alliance Française
26 – retour à Moroni
27 – entretien avec Mme Monique BAUER, Conseillère de Coopération et d'Action Culturelle
et M.Philippe LECCIS, Attaché de Coopération
28 – M.Daniel Joannes,Chef du Programme de Codéveloppement
- entretien avec le représentant de la mairie de Moroni
- entretien avec le représentant de l’OMS
- réunion avec le Vice-Président de l’ADIC en vue de la préparation d’un planning pour la suite de nos opérations
29 – retour sur Paris

2 – Introduction

A la demande du Conseil Général des Hauts- de-Seine je me suis rendue aux Comores avec Melle BONVARLET, chargée de mission auprès de Coopération 92 afin d’évaluer les actions mises en œuvre par l’Adic et financées par le Conseil Général à travers Coopération 92

La première semaine était destinée à préparer l’arrivée à Mohéli de Melle BONVARLET.

Arrivée à Moroni, le 16/10 – Accueil chaleureux par le vice président de l’ADIC
Nous avons constaté des modifications de visas à l’arrivée : visa électronique de 60 euros pour 45 jours directement sur le passeport.

Arrivée à Mohéli 18/10 : quelques visites de préparation pour l’arrivée de la mission Coopération 92
Visite au président de l’île autonome de MOHELI, présentation du bilan et des projets 2009.
A noter de grandes difficultés de circulation dues à la pénurie de carburant.
Visite de l’adduction d’eau de Fomboni/Djoezi : plus de problème d’eau à Fomboni et la chloration. sera bientôt opérationnelle.

Arrivée le 24/10 de Noémie BONVARLET.
Rappelons que Coopération92 intervient depuis 2007 aux Comores, à travers notre association sur un projet de lutte contre le paludisme à Mohéli (commune de Fomboni), intitulé « Acquisition et acheminement de 11.000 moustiquaires préimprégnées et d’un kit d’imprégnation à 6 mois». Notre démarche fut accompagnée d’un volet sensibilisation et éducation à destination de l’ensemble de la population. Aujourd’hui, un an après l’installation des moustiquaires, il est nécessaire, comme prévu, de mesurer leur utilisation et de conclure de l’ensemble de la démarche par un volet éducation en milieu scolaire, ce volet serait financé par Coop.92.
Certains dysfonctionnements ont pu être constatés dès le début de la mission : difficultés de déplacement et coupures très fréquentes d’électricité, etc.
Par ailleurs, les prochaines élections pour le gouvernement de l'Union des Comores auront lieu en 2010 et doivent élire un président mohélien, selon le principe de « tournante » entre les trois îles de l'Union (Grande Comore, Anjouan, Mohéli). Ces élections sont déjà bien présentes dans les esprits et font partie intégrantes de la vie quotidienne des habitants.

3 – Déroulement de la mission

Lutte contre le paludisme dans la commune de Fomboni
* Rappel succinct du projet
Le projet consistait à l'envoi et la distribution de 11.000 moustiquaires imprégnées dans la commune de Fomboni avec KIT de réimprégnation à 6 mois.
Des moustiquaires imprégnées pour six mois ont été distribuées gratuitement dans les villages de la zone de Fomboni, aux hôpitaux et aux centres de santé, à toutes les femmes enceintes et les enfants de 0 à 10 ans.
Les moustiquaires restantes ont été vendues dans les différents quartiers, les dispensaires et les centres médicaux
Aujourd'hui, presque chaque foyer dispose d'une moustiquaire, le taux de couverture est d’environ 85%. Toutes les moustiquaires ont déjà été ré-imprégnées une fois. Des appels à la radio précèdent généralement ces opérations, afin d'appeler la population à se rendre dans les centres adéquats, situés temporairement dans les centres de santé. Le produit était fourni avec les moustiquaires, il a donc fallu expliquer dès le départ qu'il était nécessaire de conserver cette tablette six mois, afin de pouvoir ré-imprégner sa moustiquaire.
Parallèlement, des campagnes de sensibilisation sont organisées régulièrement par l'ADIC. Lors de « journées paludisme », A cette occasion l’ADIC fournit gratuitement le produit de ré-imprégnation.
D'après la population, la prévalence du paludisme a considérablement baissé au cours des dernières années à Mohéli. Ce sentiment partagé est confirmé par les chiffres récoltés sur le terrain par la Direction générale de la Santé. Cette diminution observée peut s'expliquer par la distribution massive de moustiquaires (Banque mondiale, OMS, Coopération92/ADIC), la constante sensibilisation des populations et l'action mise en place par la coopération chinoise décrite ci-dessous.

* Actions effectuées par le gouvernement chinois
Le gouvernement chinois a mis en place un programme d'élimination rapide du paludisme. Avec l'accord de l'OMS et du ministère de la Santé qui préconisent tout de même l'utilisation parallèle de moustiquaires imprégnées et des pulvérisations intradomiciliaires. il est distribué à l'aéroport de Mohéli un médicament dénommé Artequick (artémisinine + primaquine) à toute personne entrant sur le territoire pour plus de quinze jours et qui provienne d'une zone endémique. L'île de Mohéli sert donc de base d'expérimentation.
L'objectif affiché est de déparasiter la population. En effet, ce produit doit tuer 100% des parasites dans le corps humain.

* Rencontre avec le maire de Fomboni, M. Abdoul Abdallah
M. Abdallah a été nommé maire de Mohéli il y a huit mois. Dès l'aéroport, nous avons été reçus par le maire et toute son équipe. En présence d'une quarantaine de notables de la ville, une cérémonie avait été organisée à la mairie en notre honneur. Les autocollants « A Fomboni, le palu on n'en veut plus! » ont été remis au maire et nous avons pu au cours de notre mission remarquer leur dissémination dans la ville et la satisfaction des habitants.



Accueil des femmes à la mairie de Fomboni
* Situation de la décentralisation sur l'île de Mohéli
Contrairement aux autres îles, les communes de l'île de Mohéli sont apparues après la nouvelle constitution de 2001. Jusqu'à présent, les maires sont nommés par décret. Des élections auront lieu « d'ici peu ».

* Travaux de la mairie
Une partie du bâtiment a pu être réhabilitée, compte-tenu des fonds disponibles. Le maire est très fier de sa mairie. L'ordinateur et l'imprimante sont bien installés et sont très utiles au personnel de la mairie, notamment l'ingénieur en charge de l'urbanisme et le maire pour la rédaction des projets et des lettres officielles.

* Priorités d'action de la mairie
- La gestion des déchets. Les déchets jonchent les plages et le marché, mais le maire n'a pour le moment ni le matériel nécessaire, ni les fonds pour organiser un programme de gestion des déchets. Des opérations « ville propre » sont menées régulièrement par la mairie et l'ADIC, qui mobilisent surtout les jeunes.
- Réhabilitation du patrimoine culturel : le cimetière français et les autres cimetières communaux.

* Aménagement de la place publique de Fomboni
- Renforcement des capacités : La mairie n'a pas le personnel en quantité suffisante pour monter des projets, ce qui constitue un frein indéniable au développement de la commune.
Il serait nécessaire de réhabiliter le marché de Fomboni (construit initialement sur fonds FED), son extension est actuellement en projet.

* Difficultés autour de la gestion de la presse à T-shirt
Au départ, cette presse était sollicitée par l’ADIC pour la Maison des Handicapés de Mohéli « AHAM ». Or cette machine a été envoyée à la mairie de Fomboni. Ces deux entités revendiquent sa gestion. La solution suivante a été envisagée, en concertation avec la mairie, la Maison des Handicapés et l’ ADIC : Un comité de gestion sera formé. Ce comité sera chargé notamment de fixer les prix des prestations, répartir les recettes issues de la vente des T-shirts, de gérer les stocks et les commandes et de faire de la publicité autour de cette activité.



L'appareil de sérigraphie
Un protocole, accepté par Coopération92, devra être soumis au maire de Fomboni , à la Maison des handicapés, et à l’ADIC : il indiquera les relations entre ces trois entités.
Par ailleurs, une formation devra être effectuée à l’attention de l’équipe de production et du comité de gestion. Cette formation pourrait être financée par Coopération92.

* Fonds de la mairie
La mairie n'a pratiquement aucuns fonds. Il semble important pour le maire de sensibiliser la population au rôle de la mairie. Par ailleurs, la mairie n'a pas encore de liens consolidés avec les bailleurs de fonds. La ville de Fomboni a été inscrite à l'AIMF mais elle n'a jamais payé ses cotisations, ce qui ne lui permet pas de bénéficier d'aide (notamment de la Ville de Paris).
Les seules recettes proviennent des taxes que les commerçants du marché payent.
Une grande partie des personnes qui travaillent pour la mairie sont bénévoles. Le maire perçoit une « petite indemnité d'encouragement » de la mairie.

* Visite de l'Hôpital Régional de Mohéli et entretien avec son directeur
Les maladies les plus traitées en ce moment sont le paludisme. Pourtant, comme nous l'avons évoqué plus haut, cette pathologie est en phase d'élimination, ce que nous a confirmé le directeur de l'hôpital. Il nous a assuré que le produit chinois avait bien un rôle dans l'élimination de masse du paludisme,tout comme les moustiquaires installées, mais il se pose des questions sur l'avenir, notamment quand le programme des chinois s'arrêtera, dans la mesure où il fragilise les organismes : bronchites, asthmes, typhoïde
Le Président de Mohéli a instauré la gratuité concernant les consultations des enfants. L'hôpital étant une unité autonome de gestion, il facture ces prestations à l'Etat.
Plusieurs chantiers sont en cours :
- une unité de gestion des déchets hospitaliers : il y a bien un incinérateur mais il ne fonctionne pas.
- un volet hygiène : former des personnes relais et disposer d'équipements pour le tri des ordures.

* Evaluation d'une journée « ville propre »
Comme ailleurs dans l'île, la population jette toutes ses ordures sur la plage. Régulièrement, des « journées propres » sont organisées par le maire et rassemblent des jeunes soucieux de la propreté de leur ville qui reçoivent pour leur participation une petite indemnité. Le maire apprécie également que nous introduisions au sein de la formation hygiène une rubrique sur le tri et la gestion des ordures.
Nous avons pu observer les résultats d'une telle journée, qui a regroupé une vingtaine de jeunes durant toute la matinée. Une partie des ordures (tout type d'ordure) ont été brûlées sur la plage. Une réunion était prévue avec toutes les associations de Fomboni, afin d'envisager les actions nécessaires pour sensibiliser la population à l'environnement et à la gestion des déchets.
Le maire souhaiterait trouver un terrain qui servirait de décharge. Certains déchets pourraient être brûlés, mais que faire de ce qui n’est pas combustible ?

* Réunions sur le volet hygiène et assainissement, avec des représentantes du Réseau femmes de Mohéli (dont Naïma : présidente) et quatre instituteurs
Les instituteurs ont un rôle clef auprès des enfants, qui sont de formidables leviers pour véhiculer des messages à leur famille. Les femmes, quant à elle, sont les maîtresses de maison et doivent à ce titre connaître les règles d'hygiène de base.
Une vingtaine d'instituteurs bénéficieront de cette formation, ainsi que vingt femmes du Réseau choisies pour leur intérêt aux questions d'hygiène et d'environnement. Une attention particulière sera accordée au tri des déchets (une partie pouvant être brûlées et l’autre pouvant servir de compost).
Les instituteurs inséreront l'hygiène dans les programmes scolaires, tout comme ils l’ont fait pour le paludisme (comment éviter le palu? Comment se transmet le palu?...). Ils s'appuieront sur des outils divers. Un concours sera organisé entre les écoles, où les meilleurs dessins, dissertations seront affichés. Les élèves seront récompensés par des lots .Afin de produire un impact sur le long terme, des interventions seront conduites régulièrement.
Les instituteurs et les femmes sont pleinement enthousiasmés par ce projet et ont été très satisfaits de notre réunion, qui a permis des échanges constructifs. Ils nous ont tous assurés de leur mobilisation.

* Entretien avec la ministre de la Santé de Mohéli, Mme Bouchrati Abdoulhalim
Nous avons tout d'abord fait un point sur notre mission à Mohéli, Coopération 92/ADIC projets pour lesquels elle nous a chaleureusement remerciés.
En dehors de la lutte contre le paludisme, les autres priorités de la ministre de la Santé sont les suivantes :
- l'aide aux associations de femmes,
- l'hygiène et l'assainissement : elle a notamment été très intéressée par notre formation à destination des instituteurs et du Réseau femmes ;
- l'environnement et la gestion des déchets.

* Rencontre avec le directeur de l'Alliance franco-comorienne de Mohéli, M. Boura
Cette association existe depuis 1958. Elle compte environ 300 adhérents, dont la majorité sont des enfants.
L'Alliance organise des manifestations diverses telles que des expositions ou la Fête de la Musique, et propose des cours de soutien en français. Elle dispose par ailleurs d'une bibliothèque.
Sur la totalité des élèves inscrits à l'Alliance, la plupart sont reçus à leurs examens (BEPC, Bac...).
Leurs projets futurs concernent la mise en place d'une clôture autour de l'Alliance et la construction d'un stade multisports.

* Rencontre avec le maire de Djoezi (banlieue de Fomboni) et avec les femmes de l'atelier couture
Le maire de Djoezi a deux projets principaux pour sa ville :
Comme dans toute l'île, sa commune connaît un problème accru en termes de ramassage des ordures, qui s'entassent un peu partout. Au début de l'année, chaque foyer payait 500 F, ce qui permettait le ramassage des déchets par des camions, leurs vétustés ne permet plus la poursuite de ce système. Le maire souhaiterait aménager sa mairie, pour le moment composé d'une pièce et ne disposant pas d'électricité.
Il a salué le travail de l'atelier couture de la ville, qui regroupe environ 80 femmes, faire baisser le taux de chômage et surtout de diminuer le taux de prévalence du paludisme, dans la mesure où ces femmes, outre des vêtements, confectionnent également des moustiquaires qu'elles vendent au prix de 3 500 F, soit 6 euros (accessibles donc à des foyers qui ont des moyens financiers suffisants)et ceci grâce à l’envoi par l’ADIC de plus de 300 kg de tissus et des rouleaux de tulle pour moustiquaires.




L'atelier de couture de DJOEZI et la Présidente "Neima"

L'atelier fonctionne bien, malgré l'absence de mobilier, notamment de tables à découpe et de machines à coudre électriques.
A vrai dire nous avons été agréablement surpris de l’efficacité des couturières et du travail accompli. La présidente «Neima» a fait un stage de trois mois en Chine pour apprendre la broderie, le travail est remarquable, mais impossible de mettre à profit son savoir faire, faute de machine à broder.



* Rencontre avec M. Ben Omar, coordinateur du programme de renforcement des Organisations de la société civile à la FADESIM (Fédération des acteurs du développement économique et social de l'île de Mohéli)

De statut associatif, cette fédération regroupe 52 associations mohéliennes qui travaillent dans le cadre du développement.
Elle apporte un appui aux associations de l'île de Mohéli, ainsi qu'à la mairie de Fomboni. Il s'agit de monter des projets, de chercher des partenaires techniques et financiers. La plupart des salariés sont payés sur les fonds des projets qu'ils coordonnent. Une subvention de fonctionnement de l'AFD permet de payer le matériel et les salaires des autres personnes.
Aujourd'hui, une petite dizaine de projets sont en attente de financement. Concernant la mairie de Fomboni, trois projets sont en cours : déchets, réhabilitation du stade et assainissement.
M. Ben Omar souhaite que nous échangions nos points de vue.

* Visite de l'Association des Handicapés de Mohéli

Cette association, créée en 2003, a pour objectifs de:
- promouvoir la personne handicapée,
- participer à son insertion professionnelle,
en dispensant des formations adaptées à son handicap,
- prendre en charge certains soins médicaux.


La cafétéria de la maison des handicapés

Le bâtiment a été réhabilité par l’ADIC avec l’appui du Rotary club Bourbon de la Réunion et la Francophonie, l’extension du bâtiment a été financée par l'Ambassade de France.
Plus de cent personnes handicapées, physiques, sont accueillis au sein de la Maison des Handicapés.
Pour assurer le bon fonctionnement de cette maison, une cafétéria est sur le point de se terminer il nous faut trouver encore 3 000 euros, mais elle va commencer à fonctionner prochainement dans la première pièce. A noter que cette pièce a entièrement été construite et financée par les élèves de sixième d’un collège privé de BOURGES. Cette initiative est à saluer. Il nous reste à terminer le local de stockage.

* Visite à CARITAS, à qui nous avons remis des médicaments, le directeur nous a une nouvelle fois remercié pour le matériel envoyé par notre ami CHRIS des Etats-Unis

* Visite de la mairie de Moroni et rencontre avec le secrétaire de gestion (en l’absence du maire)
A la Grande Comore, les maires sont élus au suffrage universel indirect pour 2 ans renouvelables une fois. Comme dans toute l’Union, la mairie connaît des difficultés financières importantes.
Les compétences de la mairie semblent encore floues. Elle a notamment en charge la gestion des déchets et emploie à cet effet 62 agents. Un site de décharge a été trouvé et des camions poubelles ont été envoyés à cet effet par l’AIMF. Le maire a également en projet d’aménager l’hôtel de ville. Les communes essaient d’exister mais elles n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins.

* Entretien avec la Conseillère de Coopération et d’Action culturelle à l’Ambassade de France, Mme Monique Bauer, et l’Attaché de coopération, M. Philipe Lexis (en charge du FSD)
L’Ambassade a sollicité un nouveau FSD, qui devrait sortir prochainement.
Nous avons exposé toutes nos actions à Mohéli (lutte contre le paludisme, réhabilitation de la mairie de Fomboni), qui ont vivement intéressé nos interlocuteurs, notamment la presse T-shirt.
De son côté, l’Ambassade privilégie l’appui aux petites coopératives (elle travaille principalement avec des associations locales) qui mènent des actions pérennes et croisant les compétences (exemple : un atelier de couture qui vend des habits pour les écoliers).
Sur l’environnement, elle reçoit une multitude de projets, mais qui ne prennent pas suffisamment en compte la sensibilisation au plus près des producteurs des déchets, à savoir les familles. Notre formation hygiène s’intègre parfaitement dans cette vision : les familles individuellement doivent prendre leurs responsabilités et brûler les ordures qui peuvent l’être, le métal devant être mis de côté pour des gens qui savent le travailler.
Mme Bauer souhaiterait monter un projet utilisant des ânes, avec un sac de chaque côté pour récupérer les ordures (ordures brûlables et non brûlables). Elle a demandé au directeur de l’Alliance franco-comorienne d’identifier les menuisiers compétents pour la construction d’une charrette et d’organiser par la suite un concours. La mairie de Fomboni pourrait travailler sur le ramassage des ordures avec des ânes, procédé peu coûteux.

* Rencontre avec le Chef du Programme de Codéveloppement avec l’Union des Comores (PCUC), M. Daniel Joannes
Le Programme s’est dans un premier temps concentré sur la Grande Comore. A Mohéli, M. Joannes travaille avec le directeur du plan et va prochainement s’y rendre en mission pour rencontrer les associations locales.
En avril 2006, une convention de financement de 2 millions d’euros a été signée, pour 3 ans (prolongée jusqu’au 31 décembre 2009). Les axes d’intervention sont les suivants :
- soutien aux associations de migrants en faveur du développement local (santé, éducation, eau)
- mobilisation de migrants hautement qualifiés
- initiatives économiques des migrants (PMIE : Programme Migrations et Initiatives Economiques)
Les projets de co-développement ne doivent pas excéder douze mois et appellent nécessairement la présence de partenaires migrants. Des cellules relais existent en France, dont l’une est abritée au GRDR (coordinateur : Olivier le Masson). Par ailleurs, il faut avoir une existence juridique aux Comores.
A l’heure actuelle, une quinzaine de projets sont en cours. Le programme a encore 40 projets en portefeuille, mais aucun ne porte sur Mohéli.
Pour M. Joannes, les programmes de co-développement et le FSD doivent être complémentaires. Si le projet n’implique pas de migrants, il faut solliciter le FSD.
Concernant les déchets à Moroni, il nous a fait part de l’approbation d’un projet, qui mobilise un expert de la diaspora chargé d’effectuer un diagnostic sur la sécurité alimentaire des marchés (association Chalola Onono, basée aux Comores). Cette démarche pourrait également être envisagée pour Mohéli, dans le cadre d’un cofinancement avec le PCD (Programme de Coopération Décentralisée – Union Europénne / Union des Comores).

* Entretien avec le ministre de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures, de l’Urbanisme et de l’Habitat, M. Oukacha
L'aménagement du territoire et la décentralisation sont des thèmes très récents aux Comores.
A Mohéli, la nouvelle constitution de 2001 a inscrit les communes à l'ordre du jour. Dans la pratique, ce processus a été lent. La mairie a été inscrite à l'AIMF. Les mairies nouvellement créées ont encore des compétences mal définies. A titre d'exemple, elles ont en charge la surveillance des écoles, la propreté locale. L'état civil, tout comme les autres volets administratifs, auparavant propriété de la préfecture, vont être transféré aux communes.

* Rencontre avec le Représentant de l'OMS, Dr Yao Kassankogno, et le Dr Nassur
Après avoir fait un point sur notre mission à Mohéli, le Dr Yao Kassankogno nous a expliqué les financements possibles de l'OMS.
Il existe un cadre de coordination entre le Bureau de l'OMS et le Représentant installé dans le pays, dans lequel les projets proposés par les ONG doivent s'inscrire. De 10 à 15% du budget est réservé à ces projets de la société civile.

L'OMS est très active dans le domaine de la lutte contre le paludisme. Parallèlement à l'envoi de nos 11 000 moustiquaires, l'institution a fourni 10000 moustiquaires, ce qui a permis de protéger l'ensemble de la population de Mohéli. Sur financement de la fondation Clinton, elle va bientôt faire parvenir à l'île 20 000 moustiquaires supplémentaires. La tendance est d'introduire des moustiquaires imprégnées longue durée (3-4 ans), l'idée étant d'utiliser les personnes chargées de la ré-imprégnation pour la sensibilisation.


Le palu à Fomboni, on n'en veut plus.

L’OMS travaille par ailleurs sur le comportement de la population vis-à-vis du moustique. Même si elle se protège bien la nuit, en dormant sous des moustiquaires, les comportements à risque ont lieu à la tombée de la nuit, lorsque les gens regardent la télévision par exemple, ou lorsqu'ils assistent à un « grand mariage ». Le Dr Nassur nous a enfin indiqué que le DTT (Dichloro-Diphényle-Trichloro-Ethane) est de nouveau autorisé par la Convention de Stockholm et doit faire partie des instruments de lutte contre le paludisme, malgré les effets secondaires recensés, un suivi étroit reste nécessaire.


Concernant la santé maternelle et infantile, l'OMS a fourni 1500 « kits accouchement simple »aux femmes enceintes qui accouchent, mais ils ont tous été utilisé en six mois, alors qu'ils étaient prévus pour une année (en apprenant l'existence de ces kits, plus de femmes se sont rendus à l'hôpital pour accoucher). La mortalité maternelle a diminué, d'autres projets doivent encore être menés dans ce sens. Les besoins sont encore importants en ce qui concerne les « kits césariennes ».
Nous avons profité de cette occasion pour remettre un exemplaire de notre projet SIDA/VIH, dont le représentant n’avait pas eu connaissance.

* Entretien avec l’Inspecteur général du Fonds mondial (également coordinateur du Country Coordinating Mechanism « CCM »), Dr Mliva
Le Fonds mondial va consacrer 12 millions d’euros à la lutte contre le paludisme aux Comores, qui intégrera les pulvérisations intra-domiciliaires et la distribution de moustiquaires imprégnées. Les fonds vont désormais être gérés par les ONG (et non plus par le ministère) qui répondront à des appels à candidatures et, en tant que prestataires de services, exécuteront les projets.
Une réforme du CCM est en cours et classera les ONG en deux catégories : celles qui ont une couverture insulaire et celles qui ne couvrent qu’une seule île. Avec la réduction du nombre de sièges au conseil d’administration, il est plus intéressant pour le moment de ne s’intéresser qu’à une île si l’ONG veut conserver sa place.

* Visite au Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP)
L’objectif affiché du PNLP est la généralisation des moustiquaires imprégnées et des pulvérisations intra-domiciliaires. Il souhaite également que les tests de diagnostic rapides soient gratuits.
Si les résultats du projet du gouvernement chinois sont positifs, celui-ci pourrait être étendu à la Grande Comore et Anjouan.

* Visite au CNDRS,(présentation au directeur de notre projet « construction d’un institut culturel »



Emplacement du futur Institut Culturel

* Nous avons rencontré également le coordinateur SIDA au niveau de l’UNION, qui est tout à fait près à nous inscrire en tant que ONG ADIC dans son planning, il coordonne tous les acteurs SIDA/VIH aux Comores

4 - Conclusion
Cette mission a permis d’évaluer le projet de lutte contre le paludisme lancé en 2007 sur l’île de Mohéli par coopération 92/ADIC. Très enrichissante, elle a permis de prendre contact avec les principaux acteurs de ce projet et de mesurer sa réussite, tant au niveau des chiffres de la prévalence du paludisme que de l’intérêt de nos interlocuteurs pour les différents volets mis en place et la réelle sensibilisation de la population à la nécessité de se protéger des moustiques.
D’autres réalisations ont pu être visitées à Mohéli et sont venus enrichir cette mission.
Notre passage à Moroni nous a été fort profitable, dans la mesure où il nous a permis de rencontrer certaines autorités nationales et internationales, tout comme les représentants français sur l’île.


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